Twin Peaks

Terminé la saison 3.
J'ai vraiment adoré, tout en restant circonspect sur plusieurs aspects non résolus, sur le dernier épisode qui s'amuse à flinguer plusieurs certitudes et quelques longueurs volontaires dans le développement de Cooper. Mais je ne peux que saluer la manière dont Lynch et Frost ont réussi à créer un tout à peu près cohérent avec la vieille série et le film (auxquels il faut absolument rajouter le montage d'une heure et demie de scènes coupées, dispo dans le coffret, et qui s'avèrent indispensables avec notamment deux scènes qui se déroulent après la fin de la saison 2). L'ambiance inégalable, la musique éthérée, les plans interminables, le soin apporté à la photo et au montage sonore, la réutilisation d'une bonne partie du casting initial (et l'introduction de séquences concernant des acteurs décédés depuis !) en font une oeuvre majeure avec un style inimitable entre onirisme, dark fantasy et soap opera, des personnages complètement barrés et une gestion singulière de l'humour.
Mais de nombreux éléments restent en suspens, certains personnages semblent aboutir dans une impasse, Dale met trop de temps à récupérer sa mémoire et la mythologie liée à la dark lodge s'enrichit en se densifiant, abordant des thèmes christiques (déjà aperçus dans le film Fire walk with me) et des segments SF liés aux mondes parallèles et aux réalités alternatives.
Tout en donnant cette subtile impression que c'est écrit sous ecsta, c'est parfaitement maîtrisé et totalement surréaliste, en se permettant encore des incongruités et des audaces qu'on ne trouve nulle part.
Bref, une oeuvre à part, formidable et un peu frustrante.